Knights of Sidonia #1-5
Cinq volumes parus sur dix (série en cours au Japon)
Dernier refuge de l’humanité, le vaisseau colonial Sidonia repousse péniblement les Gaunas, gigantesques créatures polymorphes. Ayant grandi dans les entrailles de la structure, Nagate se retrouve propulsé à la surface par accident. Rapidement, on le force à rejoindre les pilotes de Sentinelles, escadrille de défense du vaisseau.
Connu des amateurs de cyberpunk pour sa pièce maîtresse Blame!, Tsutomu Nihei a, depuis, fortement viré de bord. Avec ses robots flamboyants, ses petites culottes et ses dessins tout ronds, Knights of Sidonia étonne. Pourtant, le graphisme lisse du titre est à contrepied de son atmosphère, étrange point d’équilibre entre humour absurde, tragédie glaciale et voyeurisme malsain. L’auteur malmène son héros inadapté, cet archétype apathique qu’il utilise depuis toujours et qui, ici, commence par se faire frapper ou déboîter le bras toutes les trente pages, sans broncher. Aussi drôle par comique de répétition, que froid et sanglant. Quant aux culottes et autres situations tendancieuses, elles ne brossent pas dans le sens de la libido: l’érotisme se mêle au macabre, et l’air n’est pas à la bienséance – ici, il existe un troisième sexe et l’on boit de l’urine.
S’il ne faut pas s’attendre aux climats énigmatiques, muets et vertigineux qui ont fait sa renommée, l’auteur injecte ce qu’il faut de perversion des valeurs-refuges pour rester atypique: ses embryons de comédie romantique, par exemple, sont toujours désamorcés, et les batailles sont plus désespérées que chevaleresques. Sidonia n’est pas un cocon rassurant, c’est un organe visqueux, prêt à éclater. Il n’est pas rare qu’un acteur principal passe cruellement l’arme à gauche, et quelques planches suffisent pour basculer du pique-nique guilleret à la mission catastrophe. Malheureusement, tout comme le dessin ne reçoit pas beaucoup d’efforts, les escarmouches spatiales manquent de repères et de lisibilité. On leur préférera les scènes à toit couvert, là où sont campés les visages et les enjeux de Sidonia, là où subsiste une folie architecturale… à la Blame!.
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