Knock Out
Un homme, ivre, titube dans une ruelle sombre de New York, quand trois types munis de battes de baseball l’agressent en criant des insultes homophobes et racistes. La victime se nomme Emile Griffith, ancien modiste et champion de boxe, né dans les îles Vierges et arrivé en 1938 aux États-Unis. Lorsqu’il reprend conscience, une figure en tenue de boxeur le force à se replonger dans ses souvenirs…
L’Allemand Reinhard Kleist (Le Boxeur) part de l’agression subie par Emile Griffith en 1993 pour construire une biographie douce-amère. Il y dépeint un homme joyeux, parfois candide, devenu champion de boxe presque malgré lui, qui ne cesse de jouir de la vie pour repousser « les mauvaises voix » – le racisme, l’homophobie – qui l’empêchent d’être heureux. Avec son noir et blanc très expressif, qui exacerbe la violence de l’époque, Reinhard Kleist s’attarde sur un épisode qui hantera Griffith : en mars 1962, lors de son troisième combat contre Benny Paret, il laisse son adversaire inconscient, et ce dernier décédera dix jours plus tard.
La narration se fait parfois un peu rapide, au risque de survoler les détails biographiques. Car Kleist préfère explorer les émotions et la culpabilité de son personnage, à travers un récit de vie ponctué de dialogues entre le champion et son fantôme. À noter que l’album est enrichi d’un texte passionnant de l’ethnologue Tatjana Eggeling, sur la place des hommes noirs et des immigrés dans le sport aux États-Unis, et sur les liens entre homosexualité et sport.
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