Une prison en Carélie russe, de nos jours. Viktor Koralovski est enfermé dans un lieu aux allures de goulag. C’est un oligarque, un riche et puissant industriel, que ses actions auprès du peuple russe ont rendu populaire. Il apparaît donc menaçant pour le président Khanine qui dirige la Russie d’une main de fer. La prison est attaquée, il s’échappe. Au même moment, une jeune journaliste berlinoise mène l’enquête sur l’oligarque alors qu’un mystérieux inconnu, emmailloté dans du fil de fer barbelé, est renversé par une voiture.

Toute ressemblance avec des personnages existants est fortuite, prévient l’auteur, Philippe Gauckler. Mais c’est bien de la Russie contemporaine dont il est question ici. Tous les éléments y sont : des actions opaques que la presse tente de mettre au jour, les enjeux énergétiques, des secrets politico-industriels… Tout semblait donc réuni pour faire de Koralovski une bande dessinée d’action musclée et palpitante. Mais le récit a des difficultés à tracer une ligne précise : on oscille entre différents styles, critique d’un système ou récit d’aventure, sans jamais être happé par l’histoire. Le rythme se veut rapide mais, trop bavards et didactiques, les dialogues sont peu crédibles. Quant au dessin, il ne sert pas les personnages, tous assez fades, et Viktor nous laisse indifférent alors même qu’il est censé revêtir tous les attributs du héros : belle allure, riche et emprisonné injustement, ce qui aurait pu rendre le personnage attachant, tel un comte de Monte-Cristo des temps modernes. Mais cet album réussit au contraire le tour de force de présenter un récit à la fois alambiqué et réducteur.

Un opus qui lorgne vers Largo Winch sans en avoir ni le souffle, ni la classe. Et si l’on n’attendait pas un brûlot politique, on aurait souhaité une vision moins simpliste d’une réalité géopolitique contemporaine complexe.