Kosmos
Et si le premier homme sur la Lune était… une femme ? Soviétique, de surcroît. C’est sur cette idée étonnante et excitante que Pat Perna et Fabien Bedouel (Valhalla Hotel, Forçats, Kersten..) construisent Kosmos, palpitante aventure spatiale en même que réflexion sur la désinformation. Tout commence avec l’alunissage du module américain Apollo, les petits pas de Neil Armstrong sur la surface poussiéreuse de la Lune, l’installation de la bannière étoilée. Puis, en avançant entre les cratères, l’astronaute découvre un drapeau soviétique, un module inconnu, et le cadavre d’une cosmonaute…
Les auteurs remontent alors le temps, à travers, d’une part, le témoignage « face caméra » d’un ingénieur russe détaillant le programme Soyouz et les secrets de cet été 1969, et d’autre part, avec la reconstitution de ce qui s’est joué dans l’espace, entre les trois cosmonautes qui s’apprêtaient à coiffer la Nasa au poteau pour la conquête de la Lune. Un périple plein d’obstacles et forcément haletant, même si on en connaît l’issue tragique dès le départ, auquel le trait affûté de Fabien Bedouel (L’Or et le sang, O.P.K.…), au noir et blanc tranché de toute beauté, donne corps. Cet aspect aventure est doublé, notamment dans une conclusion un brin démonstrative mais nécessaire, d’une réflexion poussée sur le pouvoir du récit et des images (voire du pouvoir de leur absence), les fake news, la possibilité d’en contrecarrer l’impact. Pat Perna distille des éléments concrets – quand les sujets deviennent techniques ou protégés par le Secret Défense, comment prouver une vérité officielle? – dans le décor d’un des plus grands événements du XXe siècle, qui a déjà été la cible de nombre de théories complotistes. Le résultat est prenant, très malin et graphiquement léché. Une réussite.
Publiez un commentaire