La Ballade de Hambone #1 ***
Par Leila Marzocchi et Igort. Futuropolis, 15 €, le 8 janvier 2009.
Une chanson de blues, ça finit rarement bien. Et dès la première page de cette Ballade de Hambone, on sait que cette histoire imprégnée de musique noire ne connaîtra pas de happy end. La mort semble en effet coller aux basques de Bull et Elmer, deux tueurs à gages aux visages marqués par les années. Pour exécuter un contrat, ils débarquent dans un bled sinistre du Mississippi, qui compte parmi ses habitants une superbe jeune femme souffrant d’asthme, un fossoyeur pince-sans-rire, un réceptionniste d’hôtel à moitié taré et un fantomatique guitariste…
On sent dans cette belle bande dessinée tout l’amour de l’Italien Igort (5 est le numéro parfait, Fats Waller…) pour l’Amérique et le blues. Son scénario suit des chemins connus, évoque d’autres histoires d’amour et de haine dans le sud des États-Unis, et rend hommage à une culture musicale fascinante. Mais, ces impressions de déjà-vu ne durent pas, tant le rythme qu’il impose à ses pages transforme chacune d’elles en poème funèbre. Le dessin proche de la gravure de Leila Marzocchi (Niger) achève de renforcer la noirceur de l’ensemble: les visages de ses personnages sont autant de masques mortuaires, ses cadrages étranges font planer une ombre insaisissable sur chaque séquence, son usage de touches d’ocre pour rehausser le noir et blanc donne un aspect fantastique aux planches…
On sort de ce premier tome impressionné par une telle virtuosité graphique, et globalement tout chamboulé. Et on attend fébrilement la suite de cette série en quatre volumes (pouvant se lire indépendamment), dont les deux derniers seront dessinés par le maître Igort.
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