La Bande à Foster ***
Par Conrad Botes et Ryk Hattingh. L’Association, 13 €, le 24 août 2011.
Deux amis sud-africains, un peu borderline, s’intéressent de près à un fait divers remontant au début du XXe siècle, l’histoire d’une bande de petits voyous devenus en quelques mois les ennemis publics numéro 1. Ils partent sur leurs traces, de banques en bistrots, jusque dans la grotte où ils ont terminé leur sanglante cavale.
Pilier du groupe sud-africain Bitterkomix, Conrad Botes (Rats et chiens) s’appuie sur des coupures de journaux d’époque pour redessiner la traque des trois malfrats, la grande machinerie que la police a déployée pour mettre la main sur eux (barrages, automobiles, chiens…) et le cirque médiatique qui va avec. La mise en abîme est double, puisque le dessinateur et son scénariste Ryh Hattingh mettent en scène leurs alter ego, deux personnages soiffards et cocaïnomanes, fascinés par cette histoire criminelle. Un fait divers qui a mis, à l’époque, le pouvoir au pied du mur, face à ses propres démons : oui, l’Afrique du Sud est violente et dangereuse, il convient d’agir. Mais est-ce vraiment en punissant un simple vol de quinze coups de fouet ou un trafic d’alcool par des mois de travaux forcés qu’on résout le problème de la délinquance ?
La question est toujours valable, et le « romantisme » de la poursuite de la bande à Foster ne doit pas cacher l’actualité du problème, sous-jacente dans tout l’ouvrage (paru en 2000 en Afrique du Sud, bien avant les campagnes de communication angéliques précédant la Coupe du monde de foot). Un livre dur, sans concession, dont le noir et blanc âpre de Botes porte en lui tous les doutes et les peurs d’un peuple né sur une terre de guerre.
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