La Belle et la Bête #1
Conte traditionnel popularisé au cinéma il y a bien longtemps par Jean Cocteau et dans les années 1990 par un dessin animé Disney, La Belle et la Bête connaît à nouveau les joies du grand écran, dans une version de Christophe Gans (avec Vincent Cassel et Léa Seydoux). Il n’en fallait pas plus pour que la bande dessinée en remette une couche, pour surfer sur la vague, et réinterpréter une histoire fameuse (et libre de droits). Au-delà du coup marketing, l’idée peut être séduisante car le conte possède des attraits indéniables (amour, malédiction, quête, frissons…) pour faire un bon album pour peu qu’on s’en donne les moyens.
Après un Blanche Neige chez Ankama (là aussi bouclé pour sortir en même temps qu’un blockbuster hollywoodien) tout à fait correct, Maxe L’Hermenier remet le couvert, scénarisant et orchestrant ce Belle et la Bête en deux tomes, chez Bamboo cette fois, dessinés par le couple Looky et Dem. Son postulat d’intrigue est intéressant, transformant le conte originel en fantasy sombre : la Bête est une sorte de monstre pirate, condamné à chasser les âmes des humains pour nourrir le roncier qui emprisonne son amour de jeunesse, à bord d’une cité dans les nuages; et la Belle est une jeune fille dynamique, kidnappée par le vilain, mais qui va l’aider à se défaire du sortilège… Hélas, les bonnes intentions de départ sont noyées dans une mise en scène graphique extrêmement lourde, à grands coups de planches ultra chargées, plus proches d’une accumulation d’illustrations tape-à-l’oeil que d’une bande dessinée bien découpée. Le texte passe alors au second plan, et en devient franchement niais. Tout comme l’intrigue, qui laisse apparaître ses grosses ficelles. Looky et Dem possèdent un vrai savoir-faire dans le développement en 3D de leur univers, mais ils perdent en subtilité ce qu’ils injectent en énergie visuelle. En ressort un premier tome indigeste et qui, esthétiquement, paraît déjà un peu daté.
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