Rien de va plus pour Merlin ! Petit coup de vieux ou de déprime, en tout cas, c’est la cata, plus personne ne s’intéresse à lui, ni à son glorieux palmarès de magicien aventurier. Avant de disparaître pour de bon des mémoires collectives, il va quérir l’aide de son confrère Pierrot : ce dernier est formel, Merlin devra accomplir une quête inédite et périlleuse pour sauver son chapeau pointu de l’oubli. Et pour ce faire, constituer une brigade de héros dignes de ce nom. Deux ex-stars de cinéma (un fantôme et un barbare) sont sélectionnés au casting aux côtés de Merlin. Mais ces trois-là vont-ils vraiment réussir à gagner de nouveau le haut de l’affiche ?

Attention, ceci n’est pas une aventure banale ni même une bande dessinée classique. Et c’est bien ce qui en fait une des plus belles surprises de l’année. Car Victor Hussenot, qui s’était déjà bien amusé avec le medium BD dans Les Amoureux, Clown, Voyage en toboggan mais aussi Les Spectateurs, construit ici, page après page, un véritable parc d’attractions graphique et narratif. En effet, le voyage de sa Brigade mal assortie se révèle fait d’étapes loufoques et ludiques, où les personnages comme le lecteurs vont être amenés à chercher la solution pour poursuivre l’aventure, dans des détails des dessins ou la structure même des planches. Dans un monde poétique et caustique sans cesse en mouvement, qui évoque pêle-mêle Fred, Winsor McCay ou Claude Ponti, Victor Hussenot rend un hommage sincère et foutraque aux grands récits fondateurs, à la bande dessinée expérimentale et au cinéma comique. Mais sans jamais tomber dans l’exercice de style gratuit ou la démonstration à l’esbroufe. Tout est cohérent : fond, forme, humour, mystère, pour faire tourner toujours plus vite le tourbillon jubilatoire.

La Brigade est un livre drôle, très malin, hyper inventif et parfaitement élaboré. C’est bien simple, on n’a pas été aussi excité et émerveillé devant une bande dessinée depuis bien longtemps.