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La Callas, l’enfance d’une diva

22 juin 2020 |
SERIE
La Callas, l’enfance d’une diva
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
21.90 €
DATE DE SORTIE
12/02/2020
EAN
2369428457
Achat :

La-Callas002Encore une adaptation en bande dessinée de la vie de la Callas ? On se souvient de la très bonne biographie de Vanna Vinci, mais le parti pris de Gaspard Njock est radicalement différent. Comme le sous-titre l’indique, l’auteur se concentre sur l’enfance de la chanteuse. Enfance que l’on avait senti comme douloureuse, mais sans qu’il nous soit vraiment donné la possibilité d’en ressentir la teneur. Les deux opus sont dès lors tout à fait complémentaires et non redondants.

Ndjock crée des personnages vivants et authentiques à l’aide de son trait de pinceau ultra fin et des ambiances savantes, mises en couleur avec des lavis d’encres (un peu dans le style de Gipi). Il dépeint ainsi les différents moments de la vie de la Callas dans des teintes distinctes : bleu pour l’Amérique, ocre-terre d’ombre pour la Grèce, ocre-rouge anglais pour la fin de sa vie. Une organisation efficace même si peu originale.

Autre bonne idée : dominer le récit par la voix intérieure de La Callas, afin de lever le voile sur la nature exceptionnelle de sa capacité à ressentir. Mais un personnage inattendu vient apporter sa part d’étrangeté: le capitaine du bateau qui relie les États-Unis et la Grèce. Il développe un discours philosophique sur la mort et la grandeur passée de l’intelligentsia grecque, qui résonne avec l’essence de l’opéra : le drame. Car c’est la composante maîtresse de ce portrait : la possibilité pour un enfant de vivre, à travers le jeu dramatique, les conflits intérieurs qui l’habitent. Le troisième grand personnage est enfin la guerre. La Seconde Guerre mondiale, puis la guerre fratricide entre Grecs, qui ont marqué les jeunes années de la diva. La dernière partie, la moins réussie, est l’épilogue de sa mort. Ce saut dans le temps brusque le lecteur mais boucle le récit en partant d’une tentative de suicide à une mort violente.

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Au delà de la biographie, une vraie surprise réside à la toute fin de l’ouvrage. Gaspar Ndjock, musicologue diplômé de la Sorbonne, insère un texte érudit sur les correspondances entre bande dessinée et opéra. Si son style est trop académique pour être lu avec plaisir, on y découvre avec curiosité les parallèles établis entre rythme, couleur et musique. Des illustrations de Klee montrent ses sources d’inspiration pour composer ses planches les plus audacieuses (l’opéra de Tristan et Iseult).

Cet ensemble de qualités font de cet album une réussite qui n’apparaît ni comme un travail de commande ni comme un travail d’opportunité mais bien comme un projet personnel émanant d’une recherche sincère et s’incarnant dans un sujet. Chacun à leur manière, Vanna Vinci et Gaspard Njock offrent, à travers un récit de vie, une lecture personnelle d’un thème qui leur est cher.

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