Par Edith et Corcal. Futuropolis, 20 €, le 5 janvier 2012.

Le Paris de cette seconde moitié de XIXe siècle bouillonne d’inventivité littéraire. On y croise des avant-gardistes tonitruants, dont un jeune insolent nommé Rimbaud. Et au milieu, Auguste Bretagne, feuilletoniste à succès, qui trouve l’inspiration dans les psychotropes et a bien du mal à garder auprès de lui la belle Emily. Mais il a un autre secret : il habite la chambre de Isidore Ducasse, défunt écrivain, auteur des confidentiels et hallucinés Chants de Maldoror sous le nom de Comte de Lautréamont…

Présentée avec humour comme le « premier roman graphique, publié en 1974, enfin dans son édition intégrale », La Chambre de Lautréamont est surtout une des très bonnes surprises de ce début d’année. Le sujet est original, l’intrigue véritablement prenante, et l’hommage à la verve visionnaire des écrivains de cette époque, magnifique. Le scénario de Corcal (Rat’s, Glam et Comet…) tient en haleine le lecteur jusqu’au bout, jouant habilement de la mise en abîme, de la narration à plusieurs voix, du mystère et du joli mensonge. Le tout pour composer un récit qui tient à la fois du polar et de la réflexion sur l’art. Et pour donner vie à ces décors tourmentés et à ces personnages immédiatement palpables, Edith (Basil et Victoria, Les Hauts de Hurlevent #1), en très grande forme, déploie un style quasi expressionniste, mais accessible car plutôt rond et attachant. Elle joue sur les textures et le papier jauni pour donner un élégant aspect vieilli à l’ensemble. Bref, une belle bande dessinée, subtile et pleine de charme, qui donnera immanquablement envie de se replonger dans les mots de Rimbaud et de Lautréamont.

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