La Cicatrice
Denis n’est pas dans son assiette. Au bureau, pas moyen de se concentrer. Il doit interroger son père, puis ses copains de la cité où il a grandi. C’est qu’il s’inquiète : à la poitrine, il se découvre soudainement une cicatrice, et ne parvient pas à savoir d’où elle vient.
Auteur de l’emballant TMLP (Ta mère la pute, prix révélation du Festival d’Angoulême en 2012), Gilles Rochier creuse ici l’obsession. A petites touches, il peint un quotidien très normé : une femme plutôt aimante, des beaux-parents qui viennent dîner, des collègues taquins… Et puis tout dérape. Une ligne claire, saupoudrée de hachures (et joliment bleutée par Jean-Philippe Garçon), contraste avec l’angoisse qui étreint le héros.
Un suspense assez réussi se met en place : Denis est-il surmené, déprimé, fou ? Ou a-t-il réellement été mutilé malgré lui ? Les dialogues et situations sonnent juste, restituant très bien une vie trop banale, étouffante. Mais le lecteur reste sur sa faim, peine à saisir réellement la personnalité du protagoniste principal. Une chute ouverte clôt cette histoire subtile mais un peu lâche, qu’on a finalement le sentiment d’effleurer sans suffisamment la creuser.
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