Par Vincent Vanoli. L’Association, 15 €, le 2 mai 2009.

Livre après livre (il en a déjà signé une bonne douzaine), Vincent Vanoli construit une oeuvre singulière, portée par le goût du bizarre et de l’absurde, et une véritable poésie graphique qui, si elle peut laisser de marbre, se fait le plus souvent envoûtante. C’est le cas avec La Clinique, parcours angoissant d’un homme que les autorités ont décrété malade et qui est obligé de se rendre à « la clinique » justement. Un monde étrange où soignants et villageois se font prédateurs, et dans lequel personne ne veut dire au personnage central de quel mal il est atteint.

Vincent Vanoli creuse la veine fantastique de ses Contes de la désolation (trois volumes parus à L’Association) et met en scène – comme souvent – la victime d’une société qui oppresse sans raison apparente. Son façon quasi-cubiste de déformer les visages, ses perspectives tordues et son architecture ondulante participent du climat cauchemardesque à la Kafka qui règne dans cet album. Son noir et blanc charbonneux produit des décors de montagnes saisissants de majesté et de toute-puissance. Que peut faire un homme seul face à la nature, surtout si d’autres hommes veulent sa mort? Vincent Vanoli prend soin de ne pas donner de réponse définitive. Il mène son récit d’une main de maître jusqu’au bout et laisse suffisamment de questions en suspens pour que le lecteur s’identifie totalement au héros « malade ». Un effet réussi pour un livre hypnotique et terrifiant.

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