La Concubine rouge **
Par Mathieu Jiro et Clément Baloup. Gallimard, 16,50€, mai 2012.
En 1947, dans un fortin du Corps Expéditionnaire français d’Extrême-Orient, au fin fond de l’Indochine, la présence du Viet-Minh terrorise les soldats. Dans une atmosphère moite et malsaine, chacun croit voir un terroriste communiste derrière chaque paysan.
Voilà le décor mis en place, pour un trio qui tournera forcément mal. Olivier Bertaux, capitaine du fortin, souffre d’hallucinations et se voit affaibli par la fièvre depuis son arrivée en Indochine. Défiguré de façon mystérieuse, son second, le sous–officier Adhemar Tran To, se spécialise dans la torture des villageois des alentours, qu’il soupçonne d’être tous alliés au Viet-Minh. Enfin, la jeune et belle Maï, enlevée de son village pour un interrogatoire, devient la concubine de Bertaux.
Intenable, cet équilibre entre les trois protagonistes donne lieu à un scénario intelligent et documenté de Clément Baloup. Dommage qu’il pèche par une psychologie des personnages trop transparente, et des dialogues souvent attendus. L’originalité de l’album est plutôt à chercher du côté des dessins de Mattheu Jiro : ses aplats de couleurs génèrent un bel onirisme, son travail sur les paysages se révèle particulièrement intéressant, et la colorisation surprenante. Du côté des personnages, sa réussite est beaucoup plus nuancée — un graphisme « icônique » les fait sembler plats, sans relief, presque inexpressifs. Les deux auteurs avaient su convaincre via leur précédente collaboration, Diables sucrés, qui relevait du conte et du monde de l’enfance. On regrettera que, dans La Concubine rouge, le décalage entre l’étrangeté du dessin et le réalisme du scénario ne soit pas aussi heureux.
Mélanie Monroy
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