La Conversion ***
Par Matthias Gnehm. Atrabile, 26 €, le 20 janvier 2012.
Dans cette petite ville suisse des années 1980, le jeune Kurt n’a d’yeux que pour la brune Patrizia, d’un an son aînée. Comment faire pour se rapprocher d’elle ? Osera-t-il lui avouer son amour ? L’adolescent trouve alors la solution : entrer dans son groupe biblique, animé par un pasteur mielleux aux intentions douteuses. Aveuglé par son coup de foudre et par la rengaine sectaire, il se coupe peu à peu de sa famille.
Racontée sur près de 300 pages, cette chronique adolescente fascine et fait froid dans le dos. La description de l’endoctrinement religieux, à base de messages rassurants et de sentences culpabilisantes, est clinique et bouleversante. Car, sensible et puissante à la fois, elle montre sans détour comment un garçon en quête de repères et de considération peut se laisser aspirer par la folie d’un groupe chrétien en apparence anodin, mais qui a tout d’une secte. Et ce, malgré la vigilance d’une mère, qui se révèle vite dépassée par les événements. S’ajoute à ce récit plein d’émotions, une réflexion architecturale et sociale sur l’étalement urbain, qui fait peu à peu disparaître la moindre parcelle d’espaces naturels, comme si l’homme se réfugiait dans le besoin de tout contrôler et de remplir le vide… Avec un dessin crayonné d’une grande sobriété, alternant les gros plans expressifs et les paysages déprimants, le Suisse Matthias Gnehm (architecte de formation) produit une oeuvre originale et poignante, qu’on sent inspirée de sombres moments vécus.
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