La Cour des miracles #1
Anacréon règne sur un peuple en guenilles, dans une cour de boue et de détritus. Il est le roi des gueux, chef des mendiants et des voleurs, monarque non officiel des rues de Paris. Un pouvoir qui commence à sérieusement enquiquiner le vrai pouvoir, celui de Louis XIV et de son ministre Colbert, qui vont accentuer la répression. Alors que le vieil Anacréon pensait à sa succession, il va devoir songer avant tout à la survie des siens.
Bonne surprise que ce début de série (cinq tomes prévus), véritable saga dans la fange parisienne du XVIIe siècle. Le décor est bien brossé, les enjeux clairement posés, et les personnages, même s’ils empruntent quelques caractéristiques classiques (le père bourru mais protecteur, la fille tête brûlée, le gamin têtu…), sont immédiatement attachants car palpables. Surtout, le scénario de Stéphane Piatzszek (Le Chevalier à la licorne, Le Maître des crocodiles, Neige et roc, Rétines, Ordures…) ne souffre d’aucun temps mort et offre de beaux moments de tension, tout en ouvrant des pistes dramaturgiques pour la suite. Au dessin, Julien Maffre développe un trait moins lisse que dans ses précédents albums (La Banque, Le Tombeau d’Alexandre), pour mieux coller à son sujet, à la saleté ambiante et à la violence omniprésente. Ses visages sont expressifs et frappants, et le soin apporté aux costumes et décors est probant. Du travail soigné pour un vrai régal de bande dessinée tout public.
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