La couverture de « Astérix chez les Pictes » dévoilée
Des caméras, des flashes qui crépitent… Il n’y avait pourtant pas de stars américaines à la Fnac des Ternes à Paris ce matin-là. Mais cinq individus concentrés : Albert Uderzo, Anne Goscinny (la fille et ayant-droit de René Goscinny), le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad — repreneurs officiels de la série Astérix —, et Isabelle Magnac, gérante des éditions Albert René.
Devant la presse rassemblée, ils étaient interrogés par la journaliste de RTL Monique Younès — aux questions étonnamment imprécises et indigentes. Leur mission : donner envie de découvrir le 35e épisodes des aventures du célèbre Gaulois, Astérix chez les Pictes (à paraître le 24 octobre), en livrant un minimum d’informations… Un exercice d’équilibriste, frustrant pour tout le monde. Isabelle Magnac détaille d’abord « des chiffres magnifiques et fabuleux » : Astérix est la BD la plus vendue, écoulée à 352 millions d’exemplaires dans le monde et 30 millions en France, avec onze traductions en autant de langues et dialectes (un record qui figure au livre Guinness).
Albert Uderzo, plutôt bonhomme, rappelle le succès qui leur est soudainement tombé dessus, avec René Goscinny. Et relate la création des héros : « René ne voulait pas faire de sous-Tintin, il a préféré un personnage petit, laid et malin. Mais je l’avais dessiné grand… Comme je suis têtu, j’ai gardé un personnage grand et carré à côté du héros. On lui a fait porter des menhirs, sans but précis.« A son tour, Anne Goscinny prend la parole, mentionne « un coup de foudre amical entre auteurs », assurant que « de l’amitié a jailli le génie ». Après avoir déroulé le menu des réjouissances à venir (une expo Astérix à la Bibliothèque nationale de France à partir du 16 octobre, regroupant les planches originales de trois albums complets — Astérix le Gaulois, La Serpe d’or et Astérix chez les Belges ; des « produits d’art » Astérix réalisés par la Monnaie de Paris), Uderzo évoque son revirement quant à la continuation de sa co-création. « En 2008, j’ai déclaré qu’Astérix ne me survivrait pas, comme Hergé l’avait fait pour Tintin. C’était une période difficile pour moi, j’avais oublié qu’il existait un ayant-droit [Anne Goscinny] avec une autre opinion que moi. Je me suis ressaisi ensuite. »
Isabelle Magnac, gérante des éditions Albert René, explique avoir contacté confidentiellement une dizaine de scénaristes. « Huit courageux ont envoyé leurs projets, nous avons mis du Tipp-Ex sur leurs noms et envoyé les dossiers à Albert et Anne. Il y a eu convergence vers Jean-Yves Ferri, qui ancre son récit dans une vérité historique [les Romains appelaient les Ecossais les Pictes]. » Le dessinateur alors choisi pour reproduire le dessin d’Uderzo est Frédéric Mébarki, son encreur. Mais il jette l’éponge au bout d’un an. Recommence un casting pour lui trouver un successeur : parmi les trois en lice, il y a Didier Conrad (Les Innommables), qui sera retenu.
Maniant avec charme une langue de bois agaçante, le scénariste Jean-Yves Ferri (Le Retour à la terre, De Gaulle à la plage) dit avoir cherché à retrouver le plaisir qu’il avait, tout jeune, à lire Astérix. « J’ai réutilisé les codes de la série, le récit au long cours, un rythme lesté de gags, un jeu sur le langage… » Il faudra se contenter d’apprendre que l’intrigue se déroule en Ecosse, donc, qu’on verra des kilts, du whisky, que les femmes ont un « rôle particulier », et qu’un personnage tombe amoureux. Didier Conrad précise avoir dû beaucoup travailler pour un résultat encore améliorable, de son propre aveu. Et il est enfin l’heure du scoop de la matinée : le dévoilement de la couverture de l’album. Signée Uderzo (qui a représenté Obélix) et Conrad, elle montre Obélix en plein lancer de tronc d’arbre, tandis qu’Astérix, face au lecteur, lance un clin d’oeil. Un appel du pied pas tout à fait emballant, un brin forcé, imaginé pour susciter l’acte d’achat — le premier tirage d’Astérix chez les Pictes atteindra la bagatelle de 1 850 000 exemplaires…
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