La Dame de Damas
Karim aime Fatima, et la réciproque est sans doute vraie. Mais rien n’est simple dans la Syrie de Bachar El-Assad. La répression politique au quotidien, le poids des traditions, l’idolâtrie présidentielle, la peur permanente… Fatima sera contrainte de se marier à un riche médecin proche du pouvoir. C’est alors que le Printemps arabe en Tunisie, Égypte, Libye, fait naître de nouveaux espoirs du côté de Damas. La révolution est en marche, mais Bachar n’a pas peur de faire couler le sang de son peuple…
Alors que les combats se poursuivent en Syrie, dans une relative indifférence de la part des puissances mondiales, La Dame de Damas permet de revenir sur la chronologie de ce soulèvement et d’en saisir certains enjeux. Parfaitement documenté, le scénario de l’historien Jean-Pierre Filiu adopte un point de vue de l’intérieur, au plus près des jeunes Syriens engagés dans cette lutte pour la liberté de tout un peuple. On aurait pu craindre que la romance entre Karim et Fatima, fil rouge à l’album, ne soit qu’un prétexte à ajouter un peu de dramaturgie à une bande dessinée plutôt documentaire. Il n’en est rien : ce pan de l’histoire est à la fois intéressant (sur les rapports hommes-femmes notamment) et poignant. Le reste n’en est pas moins terrible : les assauts répétés de l’aviation sur des quartiers civils, l’usage d’armes chimiques, la mollesse de l’ONU et l’hypocrisie occidentale. Le crayon racé de Cyrille Pomès, souligné d’une unique teinte sépia, fait la part belle aux visages et attitudes, au plus près du sol et des personnages, plaçant une nouvelle fois l’humain au centre de l’album. L’ensemble fonctionne parfaitement et même si la densité du récit et l’abondance de texte pourront effrayer lors du premier tiers du livre, La Dame de Damas se révèle aussi passionnant que bouleversant.
Publiez un commentaire