La Dernière Rose de l’été
Léo bosse dans une laverie à Paris en attendant de trouver suffisamment d’inspiration pour pondre enfin son roman. Et c’est pas gagné. Un soir, il croise par hasard son cousin, venu nettoyer les draps de l’adultère. Un type frimeur et peu aimable qui, néanmoins, formule à Léo une proposition difficile à repousser : garder sa maison en travaux au bord de la mer pendant les vacances. Voilà donc l’écrivain en puissance qui s’installe dans cette villégiature à deux pas de la plage, et qui observe l’étrange manège de l’ado de la maison d’à côté…
Découvert avec L’Aimant, Lucas Harari revient avec un thriller d’ambiance, solaire et mystérieux. Un soupçon d’Alfred Hitchcock dans la mise en scène et le scénario – voyeurisme, faux-semblants, assassinats – et pour l’esthétique une louche de ligne claire 80’s, génération Yves Chaland, Ted Benoit et Serge Clerc : voilà le cocktail du jeune auteur qui, de fait, regarde vers le passé pour composer son album. Ce côté vintage est d’ailleurs appuyé par la fabrication classieuse, grand format 24×32, 192 pages, dos toilé, très beau papier. Dès lors, on passe du temps à admirer ces planches léchées, aux couleurs profondes et lumineuses, à la texture granuleuse, et au trait sans âge et envoûtant. Toutefois, l’histoire se révèle assez fade, à l’image de son anti-héros transparent jusqu’au bout, et sans surprise : car dans la mise en place de Lucas Harari, tout est cousu de fil blanc, on discerne trop vite les mensonges et les failles des personnages, et leurs possibles ambigüités s’évaporent en un clin d’oeil. Laissant un goût de trop peu.
La Dernière Rose de l’été demeure un bel objet, une lecture plutôt agréable sous un design soigné. Mais son classicisme et son absence de prise de risque sont si flagrants – et un peu surprenants de la part d’un auteur de 30 ans – qu’ils engendrent une frustration à la hauteur de la promesse.
Publiez un commentaire