La Fleur de la sorcière
À peine entré dans l’adolescence, le courageux Tami a été envoyé par sa communauté sur les routes pour « devenir un homme ». Un rite initiatique assez flou, sans consignes précises. Alors Tami, épée à la main, cherche l’exploit. Qui pourrait être, selon un chaman, de dérober la fleur de la sorcière sur la montagne. Combattant déjà vif et redoutable, le jeune garçon se perd en forêt après un rude duel contre un démon. Il va être recueilli dans un village peuplé de gens bienveillants, dont une espiègle gamine. Une rencontre qui va le faire évoluer dans la manière de considérer sa quête.
Pour son premier album, l’Italien Enrico Orlandi a déjà trouvé une voix singulière dans le récit de genre pour jeune public. S’il emprunte d’abord les chemins classiques d’une saga fantasy – avec mission, monstres, duels, rebondissements –, il s’appesantit à escient sur les relations entre ses protagonistes. Et interroge, à travers eux, le sens même de la quête initiatique, celle qui pousse les enfants à devenir adultes trop tôt. Dans un récit calme même s’il comporte sa dose de scènes spectaculaires, le jeune auteur déploie un style pointu et efficace, jouant intelligemment avec les lignes, la typo et les aplats de couleurs (on regrettera juste une impression pas toujours au niveau pour gérer les noirs et les contrastes), pour bâtir un univers dont la froideur du décor contraste avec la chaleur humaine des personnages. Et déployer sa thèse, étonnante pour un conte : il est important de rester enfant le temps nécessaire, pour grandir à son rythme, car c’est dans l’enfance qu’on forge les meilleurs adultes.
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