Par Thierry Bouüaert, d’après Katherine Mansfield. Soleil/Quadrants, 19 €, janvier 2011.

Organiser la garden party annuelle, quel travail ! Il faut décider où faire installer les tables et les chapiteaux, où placer l’orchestre, choisir les fleurs, goûter les mini-sandwichs, essayer une nouvelle tenue… La mignonette Laura, timide benjamine de la famille qui invite, ne se sent pas tout à fait à l’aise au milieu de ces riches investisseurs et banquiers, et quand elle apprend qu’un travailleur du quartier pauvre voisin s’est tué sur la route, elle chavire.

Lutte des classes et relations mère-filles sont au centre de cet imposant one-shot, transposant librement la nouvelle de l’écrivaine néo-zélandaise du début du XXe siècle, Katherine Mansfield. Comme déconnecté du temps, le manoir familial papillonne au son d’une musique surannée, tandis que les sordides HLM du bas de la colline pleurent la mort d’un de leurs habitants. Les choix graphiques de Thierry Bouüaert (Le Style Catherine) – des personnages au crayonné brut et puissant, posés sur un décor coloré, comme des marionnettes – sont efficaces et judicieux et lui permettent de faire passer beaucoup d’émotions par les regards et postures. Mais il y a un petit quelque chose qui ne colle pas dans cet album, sans doute son côté hors du temps, et le fossé façon Zola entre ces aristos et ces mal lottis… Et surtout, le point de vue d’une petite pauvre  fille riche découvrant la difficulté de vivre quand on doit exercer un emploi sous-qualifié, c’est un peu daté, non ?

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