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La Guerre des amants #1 **

1 juillet 2013 |

picto-critique-V3-2la_guerre_des_amants_couvPar Jack Manini et Olivier Mangin. Glénat, 13,90€, le 27 février 2013.

Petrograd, nuit du 25 octobre 1917. Le Comité militaire révolutionnaire dirigé par Trotski vient tout juste de s’emparer du Palais d’Hiver, siège et symbole du gouvernement provisoire institué en janvier de la même année après l’abdication du tsar Nicolas II. La Première Guerre mondiale n’est pas encore terminée et le peuple russe – du moins ceux qui soutiennent les bolcheviks, réunis autour de la figure de Lénine – s’efforce de croire aux lendemains qui chantent, sans se douter un seul instant qu’il devra bientôt traverser de terribles années, marquées par la famine et la guerre civile, et que beaucoup n’y survivront pas.

la_guerre_des_amants_imageC’est dans ce contexte politique et social particulièrement effervescent que se rencontrent Walter, un jeune Américain pacifiste, et Natalia, une fervente révolutionnaire qui n’hésite pas à prendre les armes lorsqu’elle estime que c’est pour le bien de la cause qu’elle défend. Ces deux personnages que tout semble opposer ont néanmoins en commun leur amour pour l’art. Et s’ils sont inscrits aux mêmes ateliers moscovites, que dirige alors le grand Kandinsky, leurs conceptions en matière de création artistique s’avèrent foncièrement différentes : Natalia adhère pleinement à la doctrine suprématiste de Malevitch, tout en considérant que ses propres travaux doivent être porteurs du message de la révolution, tandis que Walter se montre plus sensible aux préceptes kandinskiens… En dépit de ces divergences, tous deux ne tardent pas à s’éprendre l’un de l’autre, et se retrouvent bientôt embarqués pour un même voyage à travers les terres de l’immense Russie.

Suffisamment bien documentées sur les plans historique et artistique pour convaincre, et malgré un relatif classicisme graphique, les soixante pages du premier tome de cette romance signée Jack Manini (Hollywood, Necromancy) et Olivier Mangin (Intox, L’Ultime chimère) se laissent agréablement parcourir. Sans aucun temps mort, l’on y suit, attentif, les pérégrinations des deux protagonistes aux idéaux si différents, que la dure réalité aperçue sur le terrain va à jamais transformer. Et si La Guerre des amants est bien une histoire d’amour, avec les hauts et les bas que ces dernières connaissent, c’est peut-être avant tout l’occasion rêvée de se replonger dans l’histoire de la Russie révolutionnaire (ou l’on risque de passer à côté de maintes subtilités du récit), de (re)découvrir avec délectation l’inventivité inégalée des avant-gardistes de l’époque, de Malevitch à Lissitzky, en passant par Chagall et « l’homme à la caméra » Dziga Vertov, avant d’éventuellement s’attaquer aux livres de Kandinsky (les excellents Du Spirituel dans l’art et Point et ligne sur plan), voire aux cours aujourd’hui réédités que le Suisse Paul Klee tint jadis au Bauhaus de Weimar…

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