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La Guerre des autres #2

20 avril 2020 |
SERIE
La Guerre des autres
ALBUM
Couvre-feu sur Beyrouth - 2
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
22 €
DATE DE SORTIE
13/11/2019
EAN
2849533512
Achat :

Dans le précédent épisode, la famille Naggar se préparait à entrer dans le conflit libanais. En ce printemps 1975, la guerre civile s’installe à coups de bombardements, de massacres et de précaires cessez-le-feu, comme celui de l’été 1975, le dernier été libanais pour les Naggar. La dolce vita du tome 1 semble bien loin maintenant que Serge, l’aîné, termine son service militaire au front, et que les premières bombes tombent sur Beyrouth…

la-guerre-des-autres2_image1Ce second tome clôt le diptyque de cette chronique douce-amère basée sur les souvenirs de Bernard Boulad. On y retrouve avec plaisir les personnages truculents de la mère, toujours un peu dans l’exagération, et du père, qui doit fermer sa librairie, tous deux s’apprêtant, après l’Égypte, à fuir, de nouveau. Yasmine, la fille, passe son bac et se lance dans son premier job d’été, quant à Alex, sorte de double de l’auteur, il tombe amoureux et reste circonspect lorsque ses amis attisent les braises d’un conflit confessionnel. Si on sent bien que les Naggar, intellectuels, esprits libres et rêveurs perpétuels ne pourront pas rester indéfiniment, on perçoit leur attachement à cette terre, à leurs amis, voisins, etc.

La force de l’ouvrage est d’aborder la guerre sans en faire un exposé géopolitique. On en comprend la complexité, en creux, dans le regard de cette famille, souvent dans celui d’Alex. Milices chrétiennes, musulmans de confessions sunnite ou chiite, les fractures confessionnelles sont multiples, tensions accentuées par l’exportation du conflit israélo-arabe au Liban. L’intelligence de la BD n’est ni de prendre une optique partisane, ni de dresser un tableau exhaustif de la situation militaire, juste de nous faire comprendre comment une guerre, celle « d’autres » impacte une vie familiale durablement. On aime surtout l’absence de misérabilisme, même si la mort rôde, car la vie, incarnée par les relations amicales et amoureuses et même par les querelles de chien et chat des parents, prend le dessus.

Le dessin de Paul Bona (Popi blues) et de Gaël Henry (Alexandre Jacob, Jacques Damour, Tropique de la violence), toujours en mouvement et d’une belle légèreté, permet une belle fluidité de lecture. La colorisation douce et pastel évite toute redondance avec un propos parfois grave, et baigne l’ouvrage dans une lumière toute orientale.

Un diptyque de qualité qui permet d’aborder, sous l’angle intimiste, les débuts d’une guerre longue dont les stigmates peinent encore à se refermer de nos jours.

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