La Lesbienne invisible
Adapter un one-(wo)man show en bande dessinée, voilà une idée saugrenue. On se souvient que Pacco a tenté de faire du stand-up en cases et bulles, et que le résultat n’était pas convaincant. La Lesbienne invisible montre que le défi mérite d’être relevé, mais pose aussi les limites de l’exercice: c’est davantage le fond du spectacle et ses bonnes histoires qui permettront à la BD de décoller, les vannes, elles, ne feront jamais le même effet.
Ainsi, ce qui fonctionne dans la transposition du show d’Océanerosemarie dessinée par Sandrine Revel, c’est le récit global et sincère d’une jeune fille qui découvre son homosexualité. Suis-je vraiment gay? Comment en parler? À qui? Comment montrer que je le suis? Comment ne pas déprimer à n’être entourée que d’hétéros et à toujours passer pour la lesbienne de service? Comment supporter les pseudo-confessions du « frisson lesbien adolescent » que déballent toutes vos copines? Comment draguer et où? L’humoriste répond à toutes ces questions avec la fraîcheur du vécu et les mots qui vont bien. C’est à la fois drôle et instructif, avec un usage pertinent de la dérision.
Ce qui fonctionne moins bien, ce sont les blagues et séquences trop marquées « scène ». Elles sont peu nombreuses, mais on les voit venir de loin et donc elles tombent à plat. Car le rythme du parlé comique ne peut être calqué sur le rythme de lecture du texte+image. Voilà le plus gros défaut de ce one-shot, avec un certain côté répétitif à la longue. Mais on retiendra avant tout un vrai don pour raconter les choses de la vie, un positionnement original par sa sobriété, et une mise en image délicieuse, à la fois douce et énergique.
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