La Lionne
Fascinante existence que celle de Karen Blixen (1885-1962), romancière danoise à la notoriété mondiale, qui puisa une partie de son inspiration dans son long séjour au Kenya. La Lionne retrace le parcours de l’auteure de La Ferme africaine (devenue Out of Africa, avec Meryl Streep et Robert Redford, au cinéma). On suit l’enfance de l’artiste, surnommée Tanne, marquée par un père fantasque et aventurier, frustré par la vie de famille, qui finira par se suicider.
La jeune femme ronge son frein, refuse un destin domestique, secoue la condition féminine de son époque. Elle épouse Bror von Blixen — alors qu’elle est amoureuse de son frère jumeau, bien plus charismatique — pour échapper à son avenir tracé. Avec lui, elle s’installe au Kenya, découvre la population masaï, tente de cultiver le café. Elle s’étourdira aussi de sentiments dans les bras du pilote britannique Denys Finch Hatton. Avant de revenir, syphilitique et ruinée, au Danemark, où elle entamera une seconde vie, celle d’écrivain.
De ce fabuleux matériau narratif, Anne-Caroline Pandolfo tire un récit chronologique intéressant, mais bien plat. Les « fées » qu’elle imagine penchées sur le destin de Karen (le diable, un lion, Shakespeare, Nietzsche…) apportent certes un peu de piquant à l’affaire, mais jamais on n’est saisi par les émotions de l’héroïne, ou même sa personnalité hors normes. Les textes sont didactiques, déroulent avec régularité les événements marquants de sa vie, mais les placent tous au même niveau, sans emporter le lecteur dans le tourbillon vécu par la baronne. Dommage car les dialogues sont bien écrits et, surtout, les dessins de Terkel Risbjerg (déjà auteur, avec la scénariste, de Mine, une vie de chat) sont sensibles, joliment épurés et colorés.
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