La Longue Marche des dindes
Mille kilomètres à pied avec mille dindes, en plein Far West ! C’est l’étonnant défi que s’est lancé le jeune Simon. Élevé par ses oncle et tante qui ne tiennent pas à lui, gentiment poussé hors de l’école où il ne brille guère, ce blondinet qu’on dit simplet ne semble pas être le mieux armé pour réussir à mener toute cette volaille jusqu’à Denver, où elle se monnayera vingt fois le prix de base. Mais soutenu par une institutrice bienveillante et un muletier marginal emballé par l’idée, et surtout guidé par un enthousiasme et une empathie sans faille, Simon semble prêt à soulever des montagnes !
Voilà un album tout ce qu’il y a de plus emballant pour attaquer l’année avec le sourire ! Pour sa première BD jeunesse, Léonie Bischoff (Anaïs Nin, La Princesse des glaces, Hoodoo Darlin’…) adapte avec grâce et énergie le roman éponyme de l’Américaine Kathleen Karr, et en fait une ode à la bonté et à la liberté. On pourrait y voir un sous-texte à la gloire du capitalisme et de l’ascenseur social, du « si on veut, on peut », mais ce serait un peu simpliste. Car l’idée de Simon et de sa bande de laissés-pour-compte – un muletier à demi-vagabond, une jeune esclave en fuite, une orpheline érudite mais fragile – n’est pas de s’enrichir ni d’écraser la concurrence, mais bien de trouver une voie, leur voie, simple et respectueuse des hommes et de la nature. Déjouant les mauvais tours d’escrocs, découvrant le sort réservé aux tribus amérindiennes ou aux noirs, Simon ne se fiera qu’à son grand coeur et à son instinct chaleureux, et en sera récompensé. Une belle et positive histoire qui se déploie sur la longueur (144 pages), par les pinceaux doux et lumineux d’une artiste qui affirme, album après album, une belle maîtrise narrative.
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