La Loterie
Le grand jour est arrivé dans ce village de la Nouvelle-Angleterre. Celui de la loterie annuelle. Les hommes, les femmes, les enfants se rassemblent. Un vieillard grommelle, se plaint que des villages alentour aient abandonné ce rituel ancestral et fédérateur. Tout le monde semble impatient, mais aussi tendu, inquiet. C’est le grand événement de cette petite communauté, mais personne ne sourit. Les mains plongent dans la vieille urne et piochent les petits papiers pliés, dont un seul désignera le « gagnant ». Mais gagnant de quoi ?
Miles Hyman adapte ici une nouvelle d’une puissance rare, un classique de la littérature américaine méconnu chez nous, écrit en 1948 par sa grand-mère Shirley Jackson, spécialiste de l’horreur et du fantastique. Il se contente du minimum de texte, multiplie les gros plans dans de grandes cases glaçantes malgré la lumière solaire, tente de sonder l’esprit des habitants de ce petit village en apparence sans histoire, tord le banal dans ce qu’il a de plus inquiétant. Avec son trait charnel et sculptural, il étend le temps, comme dans cette interminable séance de tirage de petits papiers, rend la tension véritablement palpable. Voilà un monument de suspense sans le moindre gramme de spectaculaire, qui mène à un épilogue troublant, terrifiant même, autour du thème de l’inertie coupable d’un groupe d’individus et de la sauvagerie désinhibée.
On ne peut parler davantage de La Loterie sans briser l’effet de surprise, nécessaire à apprécier la portée et la force du récit. Alors, allez le lire, sans attendre, en sachant que vous n’en sortirez pas indemne.
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