La Main heureuse
La liberté, quand on est ado dans les années 1980 à Angoulême, se résume à peu de choses : rouler sur une mobylette, dessiner des BD tranquille dans sa chambre, et écouter la Mano Negra. Frantz et son copain Mike en sont fous. Mais ils deviennent encore plus dingues quand ils découvrent que le groupe de Manu Chao passe à Bordeaux, à une centaine de bornes de chez eux. Les voilà partis sur une mob pétaradante, pour une virée chaotique aux allures de voyage initiatique.
C’est dans un très beau et assez émouvant souvenir personnel que nous convie Frantz Duchazeau, assez loin de ses virées blues de Blackface Banjo ou Lomax. Il évoque une jeunesse plutôt banale – à part le divorce de ses parents, un peu dur à avaler – avec beaucoup de tendresse et d’humour, et réussit parfaitement à reproduire les sentiments exaltés d’un garçon avide de nouveauté, de musique, de liberté, fasciné par l’énergie des musiciens sur scène et par des images de pin-up. Et puis, il y a la Mano, un groupe à part, magnétique et sulfureux, puissant et cosmopolite : un condensé explosif des rêves d’ado, entre sexe, guitares saturées, promesses d’ailleurs. Avec son trait tout en souplesse privilégiant l’évocation au réalisme, bien moins charbonneux qu’à l’habitude, Duchazeau emporte le lecteur dans son périple hypnotique, au son d’un rock juvénile et sans frontière. Chapeau.
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