La Mélodie de Jenny ****
Par Tsukasa Hôjô et Shingo Nihashi. Ki-oon, 7,90 €, le 4 juillet 2013.
On ne présente plus Tsukasa Hôjô, monstre sacré du manga contemporain, père de City Hunter et Cat’s Eye. Coup d’envoi des rééditions « Les Trésors de Tsukasa Hôjô », La Mélodie de Jenny réunit, à n’en pas douter, trois de ses plus belles nouvelles.
Le recueil, orienté sur la Seconde Guerre mondiale, présente trois récits humains d’une épatante justesse. Car, bien éloignées du pamphlet nationaliste ou d’une morale naïve, les histoires d’Hôjô et du scénariste Nihashi conservent leur neutralité et se focalisent, très simplement, sur la raison de vivre d’une poignée d’être humains. Toucher le ciel pour le pilote kamikaze Junpei, revoir sa famille pour le rescapé américain Dave, réaliser « l’American dream » pour le joueur de base-ball Hideo. Une poignée de vies subissant, malgré elles, les conséquences d’une guerre qui n’est pas la leur. Et malgré la gravité du sujet, malgré des destins souvent cruels, les auteurs parviennent à trouver le juste milieu entre les larmes et le divertissement. Même sous les bombes, Hôjô distille ces notes d’humour doux-amer dont il a le secret et, toujours, ponctue ses planches d’un espoir qui donne le sourire.
Rappelons d’ailleurs le contexte d’écriture de ces histoires : nous sommes en 1995 et, en pleine maîtrise de son art, le dessinateur pose un trait dont l’élégance et la rigueur forcent le respect, préfigurant le niveau de finesse d’un Family Compo ou d’un Angel Heart. Légèrement en deçà, la narration se voit ponctuellement alourdie par une voix-off didactique et un peu pesante lorsqu’il s’agit de décrire le contexte militaire, mais qui sait aussi frapper juste (et fort) lorsqu’elle traduit la pensée des personnages. En quelques mots, La Mélodie de Jenny est un indispensable du regard nippon sur la Seconde Guerre mondiale, à ranger aux côtés d’un Gen d’Hiroshima ou de L’Histoire des 3 Adolf.
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