La Mondaine #1
La Mondaine, c’est la brigade des moeurs. Des policiers du 36, quai des orfèvres, chargé d’enquêter et de maintenir un semblant d’ordre dans les milieux nocturnes, entre bordels et lieux exotiques ou sordides, avec pour « clients » de gentilles prostituées et de méchants proxénètes. C’est aussi une brigade qui sait tout des notables parisiens qui s’encanaillent à la nuit tombée, et des fourrés du parc Montsouris propices à une passe. C’est là que débarque, pendant l’entre-deux-guerres, le jeune inspecteur Louzeau, qui paraît bien naïf pour ce type de service…
Avec sa verve habituelle, Zidrou (Pendant que le roi de Prusse…, Le Beau Voyage, Les Folies Bergère…) campe des personnages attachants, dotés d’une gouaille bien à eux, et qui passionnent par leur trajectoire individuelle, leurs secrets, leurs hontes, et le plaisir qu’ils ont à être ensemble. Le milieu de la nuit – entre baise glauque et cabaret érotique – ajoute à la fascination; Zidrou avait déjà abordé le sujet dans Le Client, dans un univers contemporain espagnol, avec une propension au conte de fée pas toujours maîtrisée. Ici, il charge la barque côté obscur, faisant de son jeune héros un bonhomme plus perturbé qu’il ne le laisse paraître. La montée en puissance du récit jusqu’à la séquence finale de ce premier tome (sur deux) est parfaite, et l’on referme l’album envoûté, secoué. Le dessin de Jordi Lafebre (son complice sur Lydie) n’y est pas pour rien : son trait classique et enlevé est joliment soutenu par une mise en couleurs toujours juste, et quelques saillies expressionnistes dans les décors qui pimentent l’ensemble. Une réussite.
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