La Nuit du capricorne ***
Par Grégoire Carlé. L’Association, 16 €, le 24 avril 2013.
Un ver, une larve de capricorne grignote la porte de la chambre d’un adolescent dans une banlieue pavillonnaire tout ce qu’il y a de plus banal. Pour tenter de sortir, de mettre fin à cet enfermement angoissant, et prendre enfin son envol. Tout ce à quoi aspire ce gamin timide et mal dans sa peau, comme on peut l’être à 15 ans. Coincé entre les jeux de l’enfance, l’imagination qui ne cesse de vagabonder, les mondes qu’on s’invente pour échapper au morne quotidien d’une ville bétonnée et étriquée, des parents qu’on ne comprend plus (et qui, en retour, ne vous comprennent pas non plus), et l’envie – mêlée de peur – de grandir. C’est au coeur d’un début d’été où le temps semble suspendu que notre jeune narrateur vivra tous ces moments, qui font battre le coeur plus que de raison.
Après Baku, conte délicat d’inspiration japonaise, Grégoire Carlé développe un récit sensible et porté sur l’onirisme, autour d’un sujet maintes fois abordé en bande dessinée: les affres de l’adolescence. D’un thème rebattu, l’auteur ne fait pas preuve d’une originalité éblouissante, mais propose un regard personnel convaincant. Par une prose entêtante et sincère, et un noir et blanc expressif et jamais monotone, il convie le lecteur à marcher aux côtés de son personnage, à arpenter une terre mi-urbaine mi-rurale qui semble avoir sa propre vie, en regardant le ciel et en traînant les pieds, comme lui. Il ne décrit pas tout, ne souligne rien, laisse parler les silences et les formes. Et réussit ainsi à placer le lecteur à la bonne distance, ni dans le regard clinique sur ces ados qui s’ennuient, ni dans l’empathie totale avec ces gamins mi-attachants mi-têtes à claques. Le résultat est parfois un peu froid, mais l’ensemble du livre se révèle d’une vraie cohérence. Et confirme que Grégoire Carlé est un auteur en pleine expansion artistique, à suivre de près, assurément.
Achetez-le sur Fnac.com
Achetez-le sur Amazon.fr
Achetez-le sur BDFugue.com
Publiez un commentaire