Par Oriol et Zidrou. Dargaud, 14,99 €, le 6 juillet 2012.

Au crépuscule de sa vie, Don Palermo espère encore que son grand amour se manifeste. Ce petit vieux rabougri compte, sur sa chaise et derrière ses lunettes noires, qu’un message vienne lui susurrer des mots doux à l’oreille, par l’intermédiaire de l’horoscope local. En attendant, il raconte sa vie au jeune Amadeo. Une vie mouvementée marquée par son double apprentissage : de la violence et de la mort auprès du terrible mafieux italo-américain Don Pomodoro, et de la passion amoureuse auprès de la petite-fille de ce dernier, Mietta…

En matière de scénario bien troussé, plein de beaux sentiments et jamais gnangnan, Zidrou sait y faire. Voir notamment Le Montreur d’histoires, Lydie ou La Vieille Dame qui n’avait jamais joué au tennis. Avec son style direct et plein d’humour, maîtrisant parfaitement les contraintes de place et de rythme imposées par la bande dessinée, il se joue des écueils de la voix-off et offre un moment de lecture délicieux. Car Zidrou sait faire durer le suspense, choisir le mot le plus évocateur, balancer la vanne qui pimente sa page, parler de désir sobrement. À ses côtés, Oriol Hernández (déjà vu avec Zidrou dans Joyeuses nouvelles pour petits adultes et grands enfants) semble tout à fait à l’aise, son trait anguleux et légèrement charbonneux, rehaussé de couleurs chatoyantes, offrant le souffle adéquat à cette romance noire. Face à cette belle histoire, joliment mise en scène, on a vraiment l’impression d’avoir à faire à un objet réalisé, avec tout leur coeur, par deux artisans amoureux de leur discipline. Et devinez quoi : c’est le cas.

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