La Petite Lumière
Un homme s’est installé dans une petite maison à la campagne. Une demeure sobre, un brin vétuste, mais où l’on entend le souffle du vent et le bourdonnement des abeilles. Chaque nuit, ce grand type dégingandé à la barbe blanche et au regard fatigué voit une petite lumière s’éclairer dans la montagne face à lui. Or, il n’y a rien là-haut, a priori. Il finit par s’y rendre, et y rencontre un enfant, qui vivote seul dans la ruine d’une vieille fermette. Qui est ce gamin semblant mal en point ? Est-il vraiment de ce monde ?
Dessinateur prolifique (Un océan d’amour, Chronosquad, Quelqu’un à qui parler, Match…), Grégory Panaccione délaisse le registre de la comédie où il excelle, pour adapter un roman italien qui l’a intensément marqué. Une histoire puissante et touchante qui met en scène un vieil homme face à un gamin meurtri, peut-être le fantôme de celui qu’il fut un jour, ou même l’incarnation de tous ces enfants abandonnés et brutalisés par le monde des adultes. Grâce à son sens du rythme et des cadrages, acquis lors de son expérience dans le monde de l’animation, l’auteur plante le décor admirablement, et emmène en quelques pages le lecteur dans ce bouleversant drame fantastique. Ses aquarelles font vibrer ses forêts et ses murs de pierre, son trait expressif donnent beaucoup de corps à ses animaux et ses humains, et même ses séquences nocturnes plongées dans l’obscurité produisent un impact puissant. Pas à pas, sur plus de 200 pages, et avec une juste parcimonie dans l’usage du texte, Grégory Panaccione insuffle un rythme apaisé à une bande dessinée qui prend, tour à tour, un aspect funèbre ou serein. Un concentré d’émotions qui passe par toute une grammaire visuelle parfaitement maîtrisée, prouvant une nouvelle fois que la bande dessinée peut être aussi, voire plus, forte que le cinéma ou la littérature pour toucher au plus profond le coeur et l’esprit des lecteurs.
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