La Petite Souriante
Pep, Américain plus que moyen, élève des autruches dans un morne désert. Un business qui fonctionne pas trop mal, contrairement à son mariage avec la pénible Dora. La fille de cette dernière, teenager rondelette et renfrognée, ne semble pas porter le gaillard dans son coeur non plus. Mais c’est une façade puisque la gamine et son beau-père sont amants et planifient de se débarrasser de la rombière. Sauf que rien ne va se passer comme prévu.
Bel exercice de style de la part de Zidrou et de Benoît Springer, dans le genre thriller horrifique. Le prolifique scénariste (L’Adoption, Natures mortes, Shi, Chevalier Brayard, entre autres et rien qu’en 2017) délivre un script au cordeau, aux dialogues concis et efficaces, et aux rebondissements multiples, pour une histoire dense et tendue de laquelle il est difficile de raccrocher. La réussite du projet tient aussi beaucoup à son volet graphique. Le choix des cadrages, cinématographiques mais pas trop, le découpage subtilement rythmé, et le dessin oscillant entre réalisme des décors et sur-expressivité des visages, et la mise en couleurs de Séverine Lambour fonctionnent à merveille pour construire une ambiance glauque et absurde. D’ailleurs, le cahier graphique en fin d’ouvrage n’est pas un bonus inutile : on y découvre l’exigence de Benoît Springer (L’Indivision, Le Beau Voyage… déjà avec Zidrou) dans la construction du plan de son quasi huis-clos ou dans l’utilisation de photos de véhicules, toujours dans le but de bâtir un univers crédible. Car c’est à cette condition que le lecteur se sentira inclus dans le récit et qu’il frémira de ses péripéties. Un modèle de mise en scène, à montrer dans tous les cours de BD.
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