La Pomme prisonnière
Ce n’est un secret pour personne, tout lecteur ayant déjà croisé les artbooks ou mangas de Kenji Tsurata (Souvenirs d’Emanon, L’Île errante…) sait que son obsession des femmes n’a d’équivalent que celle de leur nudité. Laissant plus ou moins cours à sa lubie en fonction des livres, il libère ici de toute pudeur ses héroïnes filiformes pour les faire vagabonder au gré de frêles escapades taiseuses et dénudées. Avec leurs chats, leurs flâneries anecdotiques prennent place dans des lieux désertés, en ruines, dans une tour ou à Venise.
Jamais vulgaire pour autant, le mangaka laisse ses crayons portés par ces femmes nues et l’inspiration du moment tout en prenant appui sur ses propres voyages, ses propres animaux de compagnie… et de sa femme ? De ses conquêtes ? De ses maîtresses ? De ça, il ne nous dit rien, mais leurs apparitions sont autant de personnifications de ses fantasmes qu’une ode aux poils pubiens comme on en voit peu en manga.
Moins fouillées qu’à l’accoutumée et regroupées en saynètes de 2 à 8 pages, les planches de Kenji Tsuruta sont comme coupées du temps. Elles sont aussi une bouffée d’air frais, de dépaysement, de flânerie, de rêverie et une offrande aux amoureux de chats, et de chattes, cela va de soi.
Le temps de 22 chapitres courts parus entre 2010 et 2014 dans le magazine Rakuen Le paradis qui sont autant de balades intimistes, La Pomme prisonnière est un recueil d’histoires légères comme les tenues de ses héroïnes, à réserver à ceux et celles en recherche d’érotisme soft, de calme, de beaux dessins. Publiées dans un grand format soigné, celles-ci sont accompagnées d’illustrations couleur des mangakas Asumiko Nakamura (Utsubora, Doukyusei…), Hiroaki Samura (L’Habitant de l’infini, Born to be on air !, Snegurochka…), Shimoku Kio (Genshiken), Masakazu Ishiguro (A Journey Beyond Heaven) et Katsuya Terada (Saiyukiden, Les Rêveurs du Louvre…), comme une invitation à savourer le design si précieux de Kenji Tsurata et une porte ouverte vers leurs œuvres respectives. Et rien que ça, ça vaut le coup d’œil !
LA POMME PRISONNIÈRE © Kenji Tsuruta 2014 / HAKUSENSHA, Inc. – Traduction : Yukari Maeda et Patrick Honnoré
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