La Princesse des glaces
Après Millenium chez Dupuis, voilà un autre best-seller du polar scandinave qui se retrouve transposé en bande dessinée. Et c’est à nouveau une réussite. Car Olivier Bocquet (La Colère de Fantômas) et Léonie Bischoff (Hoodoo Darlin’, Princesse Suplex) ont réussi à capter l’essence du roman La Princesse des glaces de Camilla Läckberg, mais surtout à en donner leur vision.
Dans un petit port de Suède, charmant quoiqu’un peu glacial, Erica, écrivaine spécialiste en biographie, découvre le corps mutilé d’Alex, une amie d’enfance perdue de vue depuis longtemps. Alors qu’elle vit elle-même le deuil de ses parents, elle va enquêter sur la mort d’Alex, qui n’est certainement pas due à un suicide… Secrets de famille glauques et vieilles rancoeurs vont émerger, en même temps qu’un peu de chaleur humaine et de sensualité en guise d’espoir.
Bonne idée de faire se présenter par eux-mêmes, en quelques cases d’introduction, les protagonistes de ce Cluedo suédois. Car resserrer un roman touffu en moins de 130 pages est toujours un challenge compliqué. Ces courtes fiches d’identité, auxquelles on peut se reporter si besoin au cours de la lecture, permettent aux auteurs de se concentrer sur l’intrigue et les ambiances, tantôt douces et lumineuses, tantôt pesantes et frigorifiantes, et de passer du temps au plus près de quelques personnages, dont la charmante Erica. Outre le suspense et les palpitantes révélations issus du roman originel, Olivier Bocquet parvient à s’approprier suffisamment celui-ci pour composer un album qui se tient tout seul, cohérent et sans fausse note. C’est aussi l’occasion pour Léonie Bischoff de confirmer son talent: son trait souple et expressif, aux accents jeunesse parfois, donne corps aux acteurs de cette tragédie, dans un style à la fois moderne et classique. La mise en couleurs d’Aurélie Lecloux, Annelise Sauvêtre et Sophie Dumas venant élégamment le compléter. Bocquet et Bischoff n’ont pas encore beaucoup de lignes dans leur bibliographie, mais cette adaptation marque sans aucun doute un tournant dans leur jeune carrière (ils devraient transposer deux autres romans de Läckberg) et une nouvelle éclosion artistique.
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