La Princesse du château sans fin
Quand le seigneur du château est tué par un traître de son clan, une réalité alternative naît, et un nouveau château pousse littéralement sur le premier, comme une branche sur un arbre : dans le premier château, le maître n’a pas été abattu et la vie continue ; dans le second, c’est l’assassin qui devient le nouveau seigneur. Jusqu’à ce qu’il soit tué à son tour et qu’un autre château alternatif naisse ! Mais à la jonction des deux édifices, l’architecture se déstructure et les corps humains aussi, et il n’est pas rare d’y croiser des êtres à deux têtes ou quatre bras…
Publié en Italie, cet ouvrage du Japonais Shintaro Kago – qui a décroché le Prix Asie ACBD l’an dernier – n’est pas un manga comme les autres, à tout point de vue. Doté d’un découpage plus proche de la BD européenne, il se pose comme une véritable expérience de lecture, immersive et déstabilisante, qui joue à fond sur l’idée de dédoublement, narrativement comme graphiquement. Ce qui permet à l’auteur de proposer des dessins exubérants voire outranciers, sa ligne fine et réaliste apportant une vraie touche de malaise dans ses digressions horrifiques. Et quand l’histoire semble ronronner un peu, se complaire dans ses délires érotico-gores ou se retrouver coincée par son propre schéma, l’auteur lâche tout et offre une séquence finale apocalyptique du plus bel effet. Ne cherchez pas une réflexion ou un sens profond à cette histoire sans queue ni tête (ou plutôt avec plein de queues et plein de têtes) : on en prend plein les yeux et c’est déjà beaucoup.
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