La Queue du loup ***
Par Marino Neri. Atrabile, 16 €, le 16 mars 2012.
Dans cette campagne italienne du début du XXe siècle (on l’imagine), les esprits sont étroits, les regards suspicieux. Les enfants sont obligés de travailler, le petit Fuscio au fond de la mine de cuivre, l’orpheline Elga aux tâches ménagères. Il ne leur reste que peu de temps pour être des enfants, pour tomber amoureux et se faire peur à l’ombre des bois. Et se demander qui est cette « femme-loup » qui vit au milieu de la forêt…
Après un premier livre remarqué (Le Roi des fleuves), le jeune auteur transalpin Marino Neri ancre son nouveau récit dans un décor plus tangible, celui de l’Italie profonde, pauvre et superstitieuse. Mais, s’il ne prend pas un chemin onirique, il ne délaisse pas pour autant sa tentation expressionniste. Pour mieux figurer les sentiments, la peur (des adultes, de grandir…), le rejet (la femme adultère condamnée à vivre isolée), Marino Neri propose de grands dessins en aplats noirs, avec peu de détails. Des ombres chinoises, souvent, avec lesquelles il sollicite en permanence l’imagination du lecteur pour que ce dernier y projette ses propres angoisses et fantasmes, et s’approprie ainsi ce sordide récit d’apprentissage. Très habile à jouer avec les silences, l’obscurité, les jeux de regards, il produit un livre hypnotique, qui fascine autant qu’il fait froid dans le dos. Décidément, la nouvelle génération italienne (Manuele Fior, Giacomo Nanni, Alessandro Tota…) n’a pas fini de nous surprendre.
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