La Révolte des terres
Dans la petite ville minière de Montigny-en-Gohelle, en 1941, Ferdinand supporte tant bien que mal les conditions de travail imposées par l’occupant allemand. Mais alors que sa sœur milite avec véhémence pour la grève générale, le jeune homme, lui, s’efforce de ne pas faire de vagues. Cependant, la répression sans pitié de la révolte emporte également Ferdinand, qui est même accusé d’avoir dénoncé ses camarades grévistes. Déporté au camp de Sachsenhausen et devenu un paria pour les autres mineurs, Ferdinand s’accroche au peu d’espoir qui lui reste pour tenter de survivre.
Le principal mérite du scénario concocté par Koza (pseudonyme de Maximilien Le Roy) est de faire connaître le sort des mineurs du Nord-Pas-de-Calais, dont la rébellion constituerait le premier acte collectif de résistance contre l’occupation allemande. Malgré des personnages pas toujours très nuancés, l’émotion est bien là, notamment grâce à l’amitié entre Ferdinand et un prisonnier allemand anarchiste. Pas d’ami allemand, en revanche, pour nos auteurs, puisque les ordres beuglés par les gardes nazis semblent tout droit sortis de Google traduction… Un point en moins pour le sérieux de l’album, donc.
Du côté de la narration, les auteurs ont choisi d’alterner entre la vie de Ferdinand avant sa déportation, son séjour au camp et la fin de la guerre, réussissant ainsi à garder un peu de suspense quant au destin du jeune ouvrier. Cependant, ces va-et-vient, ajoutés à des physionomies pas toujours reconnaissables, compliquent la compréhension des scènes, d’autant que l’album est globalement peu bavard et l’action rarement explicitée.
Mais l’on pardonne assez facilement ces petits soucis de lecture, puisque le travail graphique est, du reste, irréprochable, et vaut le détour à lui seul. Marion Mousse (L’Écume des jours, Brune platine) livre pour ce récit historique de très belles planches en noir, blanc et sépia aux jeux de contraste habilement maîtrisés, rappelant le cinéma et la photographie de l’époque.
Un BD qui prend les années sombres à la lettre, et qui, à travers l’activisme ouvrier pendant la guerre, montre encore une fois la diversité des victimes du nazisme.
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