Par Charles Burns. Cornélius, 21€, le 11 octobre 2012.

Un univers très, très étrange, fascinant, dérangeant. Fourmillant de détails connus, et amenant pourtant le lecteur sur un terrain glissant, mystérieux.

Voilà ce qu’est parvenu à créer Charles Burns, auteur de l’épatant Black Hole et de ToXic, premier volume d’une trilogie. Dans cette Ruche, on retrouve son héros Doug, jeune adulte artiste sur les bords, graphiquement proche de Tintin. Il évolue dans une espèce d’usine organique, où s’affairent des extraterrestres verdâtres. Et où les « produits » dont on tire profit semblent être des jeunes femmes…

Tout charme dans cet album : le magnifique trait de son auteur, son usage des hachures, des couleurs, la fluidité d’une narration savamment heurtée. Tout trouble aussi. Certaines images semblent directement sorties de rêves de Burns, comme si l’artiste se livrait à une véritable psychanalyse, livrant des clés de sa propre adolescence. On laisse glisser avec bonheur dans cette histoire très bizarre. Plongeant dans la tête de Doug, ses souvenirs d’une liaison avec la jeune Sarah, ou de la vie de son père. Profonde et hypnotisante, la bande dessinée creuse ses personnages, floute puis précise leurs contours, avec une grande habileté.

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