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La Tendresse des pierres

18 novembre 2013 |
SERIE
La tendresse des pierres
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
25.90 €
DATE DE SORTIE
23/10/2013
EAN
2953981799
Achat :

Le poumon d’un père vient d’être enterré. À la cérémonie, la famille, les proches, des hommes en blanc. Mais, coup de théâtre, le papa a voulu assister à ses propres funérailles « pour voir qui étaient ses vrais amis, pour connaître sa popularité »…Une farce de mauvais goût ? Sa dernière blague avant d’aller tutoyer les cieux ? Voilà l’histoire « d’un drôle de type »…

la-tendresse-des-pierres_image1Depuis L’Homme en pièces, la jeune et douée Marion Fayolle creuse un sillon original dans le monde du 9e art. Pour son quatrième album, elle raconte une délicate marche funèbre nourrie de poésie surréaliste, abordant le rapport à la mort et à la maladie, les turbulences affectives suscitées, l’impuissance ressentie, l’impossibilité d’aimer malgré la lente agonie d’un père dur et autoritaire. Spectacle étonnant d’un trépas à venir, lancinant murmure d’une complainte qui se voudrait salutaire. L’auteure, par une ironie visuelle réjouissante, bâtit un petit théâtre suspendu à l’évidente fatalité, arpenté par des personnages sans repère ou à l’affût d’une réponse. Elle déconstruit les corps, leur ôte un nez, un front ou un œil, se joue des objets en les détournant, varie les cadres et les proportions, s’amuse de sa propre mise en scène. Parfaite métaphore en image d’un tourbillon émotif, calme et intérieur. Fayolle cultive ici une esthétique du corps, légère et pleine de grâce, où elle fait montre d’un sens du mouvement peu commun. Un regret toutefois : la voix-off, empesée et bavarde, qui bride le rythme insufflé par le dessin, toujours aérien et virtuose.

Au final, deux confirmations avec La Tendresse des pierres  : l’incroyable talent graphique de l’artiste, d’une rare puissance, et sa faculté à se passer de mots pour exprimer les non-dits et les silences. Car Marion Fayolle n’est jamais aussi à l’aise et efficace que lorsqu’elle laisse parler, seuls, l’élégance de son trait et la douceur de ses couleurs. Le résultat est épatant : une très belle petite comédie noire, d’une touchante et discrète solennité, sublimée par un parti pris inventif et une édition soignée.

 

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