La Trahison du réel
Unica Zürn est une artiste proche des surréalistes ayant vécu entre l’Allemagne et la France avec son compagnon, l’artiste Hans Bellmer. Souffrant de schizophrénie, elle est internée à de multiples reprises. Sa production de textes et de dessins témoigne de sa perception singulière du monde, et on en retrouve ici entremêlés au récit de sa vie.
L’ensemble est, sans surprise, très torturé malgré le dessin pictural et expressif de Céline Wagner. Travail à l’encre directe, opposition régulière entre le rouge et le bleu, belles pleines pages alternant avec des formats en gaufriers, et quand il y a de l’orange on chavire du côté de Mattotti. Apparitions d’indiens, hallucinations, tout est permis graphiquement puisque cela répond aux visions du sujet atteint de démence.
Mais – est-ce dû au sujet ? – on ne prend pas beaucoup de plaisir à cette lecture, dont on veille toujours à ne pas rater les significations. Pourtant, on en perd jamais le fil et on sent qu’un objectif sous-tend le récit. En l’occurrence, le choix est de mettre en lumière l’attitude de son compagnon se battant pour faire connaître le travail de sa femme et la manière dont la maladie mentale est prise en charge par le corps médical français. Est-ce ce sous-texte, la volonté de rétablir la vérité et de confronter la société à son rapport à l’art, ou la gravité de la maladie d’Unica Zürn qui nous écartent du simple plaisir de découvrir sa vie et son œuvre ?
Le dernière partie du livre confirme le projet de Céline Wagner avec l’apport de ses notes adressées au lecteur. L’autrice y développe sa réflexion sur le statut de l’artiste schizophrène dans la société et le monde de l’art. Un propos intéressant, présenté d’un manière érudite, qui parlera aux intellectuels.
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Je sais pas pour le propos, mais les illustrations ont l’air magnifiques !
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