La Vie rêvée du capitaine Salgari **
Par Paolo Bacilieri. Delcourt, 16,95 €, le 20 février 2013.
Emilio Salgari, né à Vérone en 1862 et suicidé à Turin en 1911, fut un des plus prolifiques et populaires auteurs de feuilletons de son époque. Ses quelque 200 romans et nouvelles d’aventures exotiques, qui ont vu naître les personnages de Sandokan ou du Corsaire noir, ont occupé toute sa vie durant – jusqu’à l’épuisement – ce préposé aux écritures en Italie, qui prétendait avoir parcouru les mers du globe alors qu’il n’avait jamais dépassé l’Adriatique.
C’est avec sobriété, une grande empathie et une certaine amertume que Paolo Bacilieri (Adios muchachos) raconte la vie d’un écrivain qui rêvait d’être voyageur, mais qui s’est tué à la tâche en prétendant avoir vécu mille vies d’aventures. Pour renforcer le ton dramatique choisi, le dessinateur italien insère ainsi, entre les séquences biographiques, plusieurs scènes sur le suicide de Salgari, dans un bois près de Turin avec une lame de rasoir. Ces images dures et pénibles, si elles suscitent bien sûr l’émotion, freinent quelque peu le déroulé du récit. Et n’aide pas le lecteur à véritablement se rapprocher de la personnalité fantasque et insaisissable de Salgari. On ne le regarde que de loin, comme intimidé, on assiste à quelques moments de vie, souvent drôles, parfois ennuyeux, quelque fois franchement plats. Pourtant, le dessin en noir et blanc de Bacilieri, tout en souplesse et hachures, fait mouche, grâce à une expressivité naturelle remarquable. Au final, si l’ensemble manque de liant et souffre d’une trop grande mise à distance du lecteur, l’ouvrage se lit sans déplaisir et donne envie d’en savoir un peu plus sur l’oeuvre de Salgari. Ce qui n’est déjà pas si mal.
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