Ladies with guns #1
Il y a Abigail, esclave noire, presque encore une enfant, qui s’est enfuie avec sa cage. Puis Kathleen, Anglaise migrante, toute jeune veuve après l’accident de son mari. Ensuite, c’est Chumani, Amérindienne qui se méfie des Blancs plus que tout. Les trois vont tomber sur Daisy, institutrice écossaise à la retraite, mère de substitution toute trouvée. Et à ces quatre-là va s’ajouter Cassie, prostituée noire partie avec la caisse de la patronne. De faibles femmes dans un Ouest américain macho et violent ? C’est ce que ces messieurs croyaient…
Voilà un western malin et plaisant, qui prend un contrepied assez facile, a priori : et si les victimes et seconds rôles éternels des récits de la Conquête de l’Ouest devenaient les héroïnes de l’histoire, pour se protéger et se venger en même temps des violences (esclavagistes, sexuelles, mentales, sociétales…) subies, sur leur corps et leur âme? Laurent Astier l’avait déjà fait avec La Venin, Olivier Bocquet pousse le curseur plus loin, en assumant une certaine outrance dans les rebondissements comme dans les séquences d’action : l’esprit Tarantino n’est pas loin dans cette fiction où un personnage va passer la majeure partie du tome coincé dans une cage (génial ressort dramaturgique et symbole de l’absurde de la situation du pays), où les différents flash-back bien amenés vont expliciter le parcours de certaines, où les fusillades et bagarres vont faire exploser la poudre et jaillir l’hémoglobine avec une vraie démesure. Qu’assume parfaitement Anlor, de son trait pointu, vif et précis, au sein d’une mise en scène très efficace et toujours très lisible, soutenue par une mise en couleurs réussie.
Rien de tout cela n’est crédible, mais face à une fiction bien troussée, qui assume son objectif de divertissement en brisant quelques principes d’un genre trop codifié, on aurait tort de faire la fine bouche.
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