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L’Algérie, c’est beau comme l’Amérique

13 avril 2015 |
SERIE
L'Algérie, c'est beau comme l'Amérique
ALBUM
L'Algérie, c'est beau comme l'Amérique
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
20 €
DATE DE SORTIE
21/01/2015
EAN
B00MCENH66
Achat :

Un demi-siècle après les accords d’Evian, marquant la fin de la guerre d’Algérie et l’indépendance de cette dernière, le conflit ne cesse de hanter les mémoires, de poser des questions, surtout lorsqu’on est, comme Olivia, fille de pieds-noirs. Les mémoires se chevauchent et s’entremêlent : celle de sa famille, paysans à la vie âpre dans les Aurès, celle du FLN (Front de Libération Nationale), qui relègue les pieds-noirs au rang de sombres colonisateurs, celle de l’OAS (Organisation Armée Secrète), refusant l’inévitable et agissant dans la violence, ou encore celle de De Gaulle, haï par les aïeux d’Olivia. Encore plus prégnant, quelle est la réalité de ce pays aujourd’hui ? Olivia se trouve dans un véritable dilemme. Seul un voyage en terre algérienne, motivé par les écrits de sa grand-mère décédée, lui permet de placer la réalité au-dessus de tout fantasme.

lalgerie_cest_beau_image1Dans une narration maîtrisée de bout en bout, Olivia Burton nous transporte dans son histoire familiale et dans son périple initiatique en Algérie. Cet album se distingue réellement parmi une abondance d’ouvrages sur l’histoire familiale, thème qui semble aujourd’hui questionner les auteurs plus que jamais, dans un désir bien légitime de connecter mémoire familiale et mémoire de l’Histoire. On remarque que la bande dessinée n’échappe pas à l’engouement pour la guerre d’Algérie qui coïncide avec la libération des mémoires de celle-ci, qui, si elle reste un sujet sensible, est aussi traitée de manière un peu moins passionnée. Des souvenirs familiaux (L’Esprit à la dérive de Samuel Figuière) à la fiction tragi-comique (J’ai pas tué De Gaulle … mais ça a bien failli de Bruno Heitz), le thème de l’Algérie irrigue de sa complexité de nombreux ouvrages. L’opus d’Olivia Burton se distingue par une économie dans les dialogues, privilégiant la fluidité des pensées ; le dessin de Mahi Grand est soigné, aux traits naïfs, tout en douceur, souvent proche du dessin-reportage, entrecoupé de cases colorées, correspondant aux photographies prises par Olivia, comme autant de ruptures relançant le récit, donnant harmonie et équilibre à l’ensemble.

Entre carnet de voyage et travail sur les mémoires, Olivia Burton livre un ouvrage intime et ambitieux, personnel et universel, une histoire française qui transcende toute vision simpliste et tout manichéisme.

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