L’Ami
Tomi est un ado solitaire, en plein montée d’hormones, qui mate des pornos sur le web et n’ose pas approcher les filles. Peu amène avec sa mère – qui ne sait trop gérer cette adolescence à fleur de peau –, il se lie d’amitié avec Feliks, un autre gamin un peu en marge. Une grande gueule assez attachante mais avide de bêtises en tout genre. Petit vandalisme, mauvais tours aux voisins, jeux de découverte sexuelle, les deux copains font les 400 coups, pour s’affirmer mais surtout pour tuer le temps. Jusqu’à aller trop loin…
Après Merel et Bunker, voilà un nouvelle réussite pour la collection « Les Ondes Marcinelle » de Dupuis. Encore une histoire d’adolescence dans une petite ville, ici au bord de la mer, mais loin des clichés bretons : ce n’est pas vraiment le décor qui compte (même si le twist de la dernière partie n’aurait pu avoir lieu en ville, mais chut!), mais bien la description d’un temps délicat de l’adolescence, où l’on se cherche autant qu’on se cherche des relations, et où il arrive qu’on ne tombe pas sur les bonnes personnes. Pas forcément des gens horribles ou malsains, juste des « copains » borderline qu’on n’arrive pas à freiner dans leur délire ou leur quête de reconnaissance… Par petites touches, dans un découpage très cinématographique (la co-scénariste, Lola Halifa-Legrand, est cinéaste), magnifié par les cadrages précis et le noir et blanc fluide et expressif de Yann Le Bec, cette histoire prend corps en s’appuyant, justement, sur les corps et les regards. Sans jamais lâcher Tomi, d’abord falot et emprunté, puis de plus en plus sûr de lui et bien dans ses baskets, on découvre un beau et touchant portrait d’adolescence, qui ne prétend pas être plus ni autre chose. Une convaincante première bande dessinée pour les deux auteurs.
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