L'Amourir **
Par Tentacle Eye et Ozanam. Casterman/KSTR, 13 €, le 21 avril 2010.
Ici, les libertés sont restreintes jour après jour, sous prétexte de répondre aux crises qui rongent le pays. Tout le monde est épié, contrôlé, muselé. Mais la résistance s’organise dans les sous-sols de la capitale. Et le marin Wirde, alors qu’il comptait rester discret, finit par s’engager aux côtés des insoumis. Est-ce pour l’amour de la belle Lillie, chanteuse de cabaret et espionne ? Ou a-t-il d’autres motivations liées à son passé mystérieux ?
Le prolifique scénariste Antoine Ozanam (We Are the Night, E dans l’eau, Last Bullets, King David…) produit une nouvelle fois un récit au fond intéressant, mais au déroulement mal maîtrisé. Son univers est cohérent, son histoire fourmille d’idées pertinentes, ses personnages, un brin caricaturaux, tiennent néanmoins la route. Mais la construction de son intrigue paraît forcée. Ses allers-retours temporels ajoutent une inutile confusion, ses voix off sont longues et parfois à la limite du verbeux. Bref, les artifices scénaristiques sont trop flagrants pour ne pas gêner, à un moment ou à un autre, la lecture. Dommage, car L’Amourir est l’album de la confirmation pour son dessinateur, Tentacle Eye. Découvert avec Le Chant des sabres (déjà écrit par Ozanam), l’artiste venu du jeu vidéo a réalisé des progrès considérables. Tour à tour inquiétant, langoureux et sauvage, son graphisme saisit le lecteur à chaque page par sa justesse et sa sobriété. Une efficacité qui fait tant défaut à l’histoire que c’en est rageant.
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