Neno est atteint d’un cancer. Accablé par la douleur, il passe ses journées allongé dans son lit. Il faut dire qu’il est en phase terminale et il ne lui reste que quelques mois à vivre. Il ne le sait pas car ses enfants ne le tiennent pas au courant, mais son médecin a arrêté les traitements pour le mettre seulement sous morphine. Pour prendre soin de lui lors de ses derniers moments difficiles, sa famille recrute un infirmier. Au début il le déteste, mais se fait petit à petit à sa présence et à son aide. Nino s’accroche à la vie et continue tant bien que mal son métier d’animateur. Ses amis lui commandent même une publicité pour une lingette nettoyante. Il y passe tout son temps malgré la douleur et nous fait à cette occasion découvrir l’exigeant métier d’animateur qui implique de donner vie aux objets en photographiant minutieusement leurs mouvements pour leur permettre de prendre vie à l’écran.

Après avoir assuré les dessins de Donjon Monsters #15, le jeune auteur argentin domicilié en France depuis 2022 Juanungo signe une bande dessinée intimiste sur la fin de vie, sur les métiers de l’aide à la personne et également sur le monde du cinéma d’animation. S’inspirant de la vie de son propre père, il parvient à rendre son histoire émouvante en transcrivant sans faux-semblant le quotidien de ce pauvre homme vivant les derniers jours de son existence. Ce livre est évidemment une déclaration d’amour posthume à son père, à l’artisanat et au métier d’animateur de manière plus générale, mais c’est aussi un regard universel sur la fin de vie et son accompagnement. Avec un dessin aussi doux que le graphite posé sur chaque planche, l’auteur parvient à donner vie à des personnages bercés entre la douleur et la bienveillance. Avec soin et sensibilité, il s’attache à retranscrire l’indicible de leur relation. On apprend alors à les connaître, à les comprendre, et on se prend d’affection pour eux.