L’Appel
Benoît est parti. Sans prévenir. Pas en vacances, ni même pour une fugue de grand ado. Non, il est parti faire le djihad en Syrie. C’est ce qu’apprend sa mère Cécile, par une vidéo laissée par ce gamin dont elle ne sait plus rien. Si ce n’est qu’il lui a échappé, pour une mort quasi certaine. Cécile va alors tenter de comprendre son geste, sa conversion expresse à l’islam radical, la façon dont il a contacté ses « frères » de l’État islamique. Et aussi de le ramener.
Laurent Galandon (Le Contrepied de Foé, L’Avocat, Lip…) compose ici un album documenté et glaçant, sur un sujet d’actualité brûlant. Par petites touches, il dépeint l’enquête angoissée d’une mère perdue, qui cherche le moindre et ténu fil pour remonter jusqu’à son rejeton. Elle découvre son basculement, généré notamment par la mort d’un copain qu’il estime injuste, la propagande séduisante des pseudo-religieux, la mauvaise interprétation des lignes du Coran, et son isolement vis-à-vis de ses proches. Réaliste, sobre et jouant au maximum l’identification avec son lecteur, le livre se révèle extrêmement émouvant. Le dessin de Dominique Mermoux (Un jour il viendra frapper à ta porte) n’y est pas pour rien, jouant sur les regards et les postures, et prenant, tout en finesse, le temps de s’attarder sur les détails des décors et des expressions. Ensemble, les deux auteurs livrent un ouvrage qui prend aux tripes tant il se fait le révélateur d’une société française qui a laissé certains de ses enfants aux mains de dangereux illuminés.
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