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« L’Art d’Hergé », bel ouvrage posthume de Pierre Sterckx

30 octobre 2015 |

art_herge_couvOn n’a décidément pas fini d’explorer l’oeuvre de Georges Rémi… En attendant Le Feuilleton intégral, à paraître prochainement — en plusieurs (gros) volumes, il regroupera la version originale des Aventures de Tintin, de Quick et Flupke et de Jo et Zette —, voici L’Art d’Hergé, par l’historien et critique d’art Pierre Sterckx, décédé en mai 2015.

Proche de l’auteur belge (il fut pendant une vingtaine d’années son conseiller en art contemporain, guidant ses achats), il précise en préface ce qui les liait. « Un jour, Hergé me demanda de lui enseigner le B.A.-BA de l’histoire de l’art, cours que je donnais à l’Institut Saint-Luc. Il voulut me rétribuer et je refusai. On commença par Piero della Francesca. Une amitié très intense se développa, interrompue par la mort de Georges, le 3 mars 1983. » Pierre Sterckx fait ainsi le portrait d’un homme « extrêmement érudit, curieux de tout, constamment aux aguets ; tout le contraire d’un conservateur réactionnaire de droite… », qui « aimait les bons vins, les voitures de sport et la beauté féminine ». Un « tendre » qui pouvait être « distant, voire glacial ».

Avant une biographie rapide, mais finement écrite, l’historien analyse la place de la production hergéenne dans l’art. Elle « n’a pas vraiment « dérangé » la vision collective des années 1930, note-t-il. Même les milieux bourgeois et réactionnaires l’ont immédiatement adoptée. (…) C’est donc le médium Tintin qui est révolutionnaire, puisque l’on y insère des paroles écrites au sein des images narratives, lesquelles procèdent par « sauts » ! »

Place ensuite à un court descriptif de chacun des albums ; à une « galerie des personnages » (la Castafiore, dont la ritournelle est « une tornade faisant le vide », Tournesol, incarnation de « l’héliotropisme fondamental de l’oeuvre d’Hergé »…) ; à une étude de la ligne claire hergéenne — « Hergé précise qu’il ne retient jamais que les lignes décisives, la « meilleure » selon lui étant celle qui recèle le plus de mouvement » ; puis un texte sur « la musique et la couleur face à la beauté silencieuse du noir et blanc » (le créateur de Tintin estimant que « les ondes musicales et chromatiques dérangent son tracé précis et tempéré ») ; un autre sur la « grandeur de l’art mineur chez Hergé » ; et enfin son goût pour la peinture de toutes époques, d’Ingres à Dubuffet.

Surtout, ce résumé fourni d’une oeuvre est extrêmement richement illustré : L’Art d’Hergé fourmille de cases agrandies, d’extraits de planches, de croquis, de photos, dessins publicitaires… Un bel objet qui exploite intelligemment les archives de la Fondation Hergé, partiellement exposées au musée de Louvain-la-Neuve.

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L’Art d’Hergé
Par Pierre Sterckx.
240 pages.
Coédition Gallimard / Moulinsart, 35€, le 1er octobre 2015.

Images © Gallimard / Moulinsart.
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