Lartigues & Prévert
Deux hommes dans un train. L’un se laisse tranquillement draguer par une inconnue, l’autre se montre terriblement stressé. Il a de quoi : pas tout à fait clairs, les deux compères viennent de retrouver un homme moribond dans le coffre de leur voiture.
Lartigues et Prévert sont donc en fuite, essayant d’échapper à une menace inconnue, invisible. Ils ont été piégés, mais par qui ? Les voilà dans un petit village isolé, en plein hiver, en tête-à-tête. Prévert essaye de comprendre, tandis que Lartigues fait comme si de rien était. La communication entre les deux hommes s’effiloche, le mystère s’éclaircit à peine…
Avec ce très beau Lartigues et Prévert, Benjamin Adam impressionne. Il ne choisit pas la facilité : son intrigue fait du sur-place, emprunte des chemins de traverse, déroute volontiers. L’artiste passe d’une forme à une autre, use d’un récit linéaire, le casse soudainement en mettant en scène — le temps d’une ou quelques pages — des personnages secondaires, ou ose carrément un épatant entracte qui exhume un blaireau empaillé… Formel et inventif, son trait se pare de couleurs signifiantes : une bichromie bleue et noire pour figurer une ambiance glaciale, un rouge vif pour renvoyer parmi les terreurs d’enfance. Un polar ancré dans les années 70, qui oscille entre tension et détente, et sollicite brillamment l’intelligence et la curiosité de son lecteur.
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